« Mouvement légitimiste Hongrois » : différence entre les versions
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Il fut de nouveau évoqué en 1992 de reconduire une « sorte de présidence couronnée » telle que la Hongrie l’avait connue sous la Régence d’Horthy mais une nouvelle fois le prétendant refusa cette offre. C’est donc Arpad Göncz (né en 1922) qui assure le poste de Président de la République libre de Hongrie | Il fut de nouveau évoqué en 1992 de reconduire une « sorte de présidence couronnée » telle que la Hongrie l’avait connue sous la Régence d’Horthy mais une nouvelle fois le prétendant refusa cette offre. C’est donc Arpad Göncz (né en 1922) qui assure le poste de Président de la République libre de Hongrie | ||
Le 21 août 1990, le Parti légitimiste hongrois (Magyar Legitimista Párt) se reforme . Dirigé par Pálos László, il tente de participer aux élections législatives mais n’obtient aucun élu. Le refus d’Otto de Habsbourg-Lorraine d’accepter la présidence de la Hongrie à la chute du régime communiste brise l’élan des monarchistes. Cependant, le gouvernement hongrois courtise encore sa famille royale. En 1996, | Le 21 août 1990, le Parti légitimiste hongrois (Magyar Legitimista Párt) se reforme . Dirigé par Pálos László, il tente de participer aux élections législatives mais n’obtient aucun élu. Le refus d’Otto de Habsbourg-Lorraine d’accepter la présidence de la Hongrie à la chute du régime communiste brise l’élan des monarchistes. Cependant, le gouvernement hongrois courtise encore sa famille royale. En 1996, l’Archiduc Paul-Georges de Habsbourg-Lorraine entre dans le gouvernement hongrois. | ||
Malgré une importante campagnes d’informations en faveur du retour de la monarchie en Hongrie , faute de soutiens financiers, le Magyar Legitimista Párt cesse ses activités politiques en 1998 pour se restreindre uniquement à des activités commémoratives annuelles. | Malgré une importante campagnes d’informations en faveur du retour de la monarchie en Hongrie , faute de soutiens financiers, le Magyar Legitimista Párt cesse ses activités politiques en 1998 pour se restreindre uniquement à des activités commémoratives annuelles. |
Version du 27 avril 2014 à 20:53
Mouvement légitimiste Hongrois (Legitimista Párt)
Mouvement monarchiste hongrois de 1918 à 1945 qui lutta pour la restauration du Roi Charles Ier d'Autriche Hongrie. Interdit dès 1945 avec l'invasion soviétique, il maintint en exil ses activités durant le régime communiste.
A la chute du régime en 1990, le mouvement légitimiste a refait son retour en Hongrie. Il demeure cependant un mouvement politique mineur au sein de la politique hongroise et n'a pas ou peu de vitrine officielle.
Le Comte Albert Apponyi, principal leader du mouvement monarchiste de l’entre deux guerre résuma ainsi le légitimisme hongrois : «le légitimisme n’est pas une question de parti, mais le garant constitutionnel de notre intégrité et la continuité de notre foi ».
Couronnement de Charles IV de Hongrie
Le 21 Novembre 1916, la mort de François Joseph d’Autriche (François II de Hongrie) , après 68 ans de règne, propulse sur le trône Austro- Hongrois, l’Archiduc Charles Ier de Habsbourg- Lorraine et son épouse Zita de Bourbon-Parme.
L’avènement de Charles est prometteur pour la Hongrie qui pleure encore la mort de l’Impératrice Elizabeth de Bavière. Charles se veut réformateur en cette guerre mondiale. Fidèle du vieil empereur, l’Archiduc Charles n’avait pas hésité à aller au front d’une guerre qui s’éternisait depuis l’assassinat de l’Archiduc François –Ferdinand le 28 juin 1914. Empereur, Charles Ier voulait la paix.
Certains députés veulent aller très vite dans les réformes au sein de la monarchie dualiste comme le Comte Mihaly Karolyi Von Nagykarolyi (1875-1955). Le Comte propose la création d’une armée hongroise séparée ce que refuse catégoriquement le Premier Ministre Hongrois, le Comte Istvan Tisza (16 Décembre). Il est vrai que les deux hommes ne s’aiment guère. Karolyi était un partisan de l’Archiduc libéral François- Ferdinand ce que n’était pas le conservateur Comte Tisza. Le Premier Ministre de Hongrie n’avait pas pardonné au Comte Mihaly Karolyi, qu’en échange de sa libération des geôles françaises au début de la guerre, il avait négocié celle-ci en promettant de convaincre les autorités de son pays de se retirer du conflit.
Pour l’heure, il y’a plus urgent. Le 21 Décembre, le Comte Ottokar Czernin a été nommé Premier Ministre de l’Empire et il faut préparer les fêtes du couronnement. 6 jours plus tard, le couple impérial arrive à Budapest, la capitale de la Hongrie. Charles reçoit la charte du couronnement que le souverain signe immédiatement afin de confirmer qu’il accepte la couronne de Hongrie. Le lendemain, Zita de Bourbon-Parme, selon, la tradition liée au couronnement, coud au fil d’or une pièce de tissu dans le manteau du sacre.
Le 29 Décembre, l’Impératrice Zita de Bourbon Parme, du Prince héritier Otto de Habsbourg- Lorraine, de la dame d’honneur de l’Impératrice la Princesse Esterhazy- Andrassy arrivent à 11 heures dans la salle du trône suivi de Charles pour recevoir les hommages des magnats devant la Couronne de Saint Etienne.
Le 30, à 9 heures, le Roi Charles IV de Hongrie (et III de Bohème) entrent à l’Eglise Matthias., accompagné du carrosse tiré par 8 chevaux blancs où avait pris également place le Prince héritier de 4 ans, Otto de Habsbourg-Lorraine. L’étiquette n’imposait pas sa présence mais Charles Ier a tenu à marquer la continuité dynastique par ce geste. Le Palatin Tisza (bien que le siège de Palatin soit réservé aux catholiques, le Premier Ministre Hongrois étant calviniste avait réussi à l’obtenir) et le Primat de Hongrie le couronnent Roi. La prestation du Roi dite à l’extérieur de l’église, Charles monte sur un cheval blanc et s’élance sur un monticule de terre apportée de toutes les régions de Hongrie, place Saint George et bénit les 4 points cardinaux de son épée.
C’est un banquet et sous les cris d’acclamations que se terminera le couronnement royal.
Chute de la monarchie en Hongrie
Les festivités sont vite écourtées par les combats sur le front et les tentatives de paix séparées de l’Empereur ne changent pas le visage de cette guerre mondiale (Affaire Sixte).
L’omniprésence de Tisza dans les affaires politiques irrite l’Empereur de plus en plus. Le Premier Ministre est l’objet d’une cabale montée par le Comte Andrassy, le Comte Karolyi (qui a épousé le 7 Novembre 1914 une nièce d’Andrassy, Katalin (1892-1985) et le Comte Albert Apponyi. Le 19 Février 1917, Tisza adresse une lettre de suppliques à Charles et 5 jours plus tard s’empresse de faire approuver pour 10 ans de plus le compromis de 1867. Cependant, le 29 Avril, Charles condamne publiquement l’autocratisme du Palatin.
Tandis que les royalistes se déchirent pour l’avenir de la patrie, le leader des Républicains Tchèques Thomas Masaryck arrive le 5 Mai en Russie. Désavoué par l’Empereur, Tisza n’a d’autres issues que de démissionner le 23 Mai suivant. Le 9 Juin, le Comte Moritz Esterhazy (fils de Nicolas, le fondateur du Parti Catholique), âgé de 36 ans est nommé à la Primature par l’Empereur.
La guerre épuise la population de l’Empire. Les Républicains inondent le pays de dépêches appelant à l’insurrection et la désertion. A la Hofburg, Charles reçoit la démission d’Esterhazy le 20 Août. Andrassy réclame le poste mais n’a pas la faveur de Czernin qui fait nommer Wekerle à sa place. La situation devient préoccupante quand le Prince Régent de Pologne, le Prince Lubormirski annonce la rupture de ses relations avec l’Empire en Février 1918. Pis, le 14 Avril, Czernin demande à Charles de renoncer au trône après qu’il est appris les tentatives de paix séparées de l’Empereur avec les Alliés et de nommer le Prince Eugène de Habsbourg- Lorraine régent de l’Empire. Son outrecuidance lui vaudra un limogeage immédiat de ses fonctions.
L’Empire vacille. De Budapest à Prague, les Républicains s’agitent et provoquent des émeutes dans les capitales impériales. Le 17 Octobre, Charles IV promulgue un manifeste qui annonce la création de nouveaux territoires, la fédéralisation de l’Empire et la création d’un Conseil National sous la houlette du Père Slovène Koroseç (dont fera parti un certain Anté Paveliç, futur leader de la Croatie). Le 21, les députés de la minorité allemande décide de siéger comme non élus de l’Assemblée nationale provisoire de l’Autriche Allemande. Le 25, un Conseil National Révolutionnaire est créé à Budapest. 4 jours plus tard, c’est la diète Croate qui se sépare de l’Autriche (10 heures). L’empire s’effrite. A Budapest, le Comte Hadich est nommé Premier Ministre sur la suggestion du Ministre des Affaires Etrangères, le Comte Andrassy. A peine nommé, il réclame la création d’une armée séparée et le commandement de celle-ci au Palatin Joseph d’Autriche. Il s’agit là de sauver l’Empire ou du moins le Royaume de Hongrie. A Prague, les émeutes succèdent aux émeutes. Les Républicains Masaryck et Edouard Benes réclament l’abolition de la monarchie (le leader Tchèque Milan Stefanik qui est mort en 1913, réclamait la création d’un Grand- Duché de Bohême avec les droits de la Hongrie).
Le 30 Octobre vers 18 heures, des officiers se rassemblent devant l’Hôtel Astoria , siège du Conseil National de Buda et jettent leurs rosettes avant de les remplacer par des cocardes rouges. A 21 heures, le Comte Karolyi harangue la foule tandis que l’armée investit les rues aux cris de « Vive la République ». Le lendemain à 3 heures du matin, Charles refuse toujours d’intervenir militairement en Hongrie. A 7 heures, Karolyi apprends par le Palatin qu’il est nommé Premier Ministre avec à ses côtés Andrassy comme Ministre des Affaires Etrangères. Karolyi prête serment par téléphone avant de réclamer la démission de l’Empereur. Tisza se rallie à la révolution mais il est assassiné par un groupe d’officiers. A Vienne, la garde impériale hongroise du palais s’enfuit. Charles nomme à contrecoeur l’Amiral Miklos Horthy, Commandant de la flotte hongroise. A 9 heures, Horthy dissout la flotte sur ordre de l’Empereur.
Le 1er Novembre, les ouvriers se mettent en grève Le Palatin Joseph est nommé Régent de Hongrie afin de sauver l’Empire. Le 2 Novembre 1918 Karolyi, qui a rejoint les révolutionnaires, annonce au Palatin que seule la République ne sera reconnue par le Conseil National Révolutionnaire.
Le 9 Novembre, Vienne est à son tour victime de troubles. Les combats se sont arrêtés sur le front. Le député Viktor Adler réclame l’anschluss (annexion à l’Allemagne) mais pas la république. Le 10 Novembre, le Régent de Pologne libère Pilsudski et le 11 Novembre, c’est un acte d’abdication qui est présenté au Roy mais Zita refuse qu’il le signe. A 13 heures, mort (inespérée) d’Adler ; Pilsudski nommé Chef d’Etat Major en Pologne alors que la Bohême destitue son empereur.
Le12 Novembre, les monarchistes tentent de rétablir l’ordre à Budapest mais la Garde Rouge proclame la république à 16 heures. Les Communistes ont fait leur apparition dans la capitale hongroise. Le 13, le Prince Cardinal Miklos Esterhazy demande à Charles d’abdiquer. Michel Karolyi se présente en tenue de sport à la délégation Française ulcérée de le voir apparaître dans un tel accoutrement le jugeant irresponsable d’être à la tête de l’état. A Michel s’oppose son frère, Joseph fidèle de Charles qui par royalisme décide de démissionner de son poste de Préfet de Feher. Charles IV qui n’est plus Empereur d’Autriche tente de sauver son trône hongrois.
Le 16 Novembre, le Comte Karolyi s’est arrogé les pouvoirs et proclamé la République. Mais ses idées de réformes socialistes se heurtent à la noblesse encore majoritaire au Parlement et fidèle aux Habsbourg.
La République des conseils de Hongrie
Deux jours plus tard, Charles Ier/IV de Hongrie doit finalement s’exiler. Contrairement à l’Autriche, Charles IV n’a pas abdiqué en Hongrie. Il est donc toujours roi de fait . Le pays s’enfonce dans la crise. Les Bolcheviks ont pris les armes. A leur tête, un jeune instituteur juif du nom de Bela Kun (né le 20 Février 1886 d’un notaire du nom de Kohn qui s’est margyarisé en Kun et d’une mère protestante). Envoyé comme prisonnier en Oural, déjà influencé par les idées socialistes, c’est dans les camps russes qu’il adhère au communisme. C’est d’ailleurs à Moscou qu’il fonde en Mars 1918, la branche hongroise du Parti Communiste et combat à leurs côtés durant la guerre civile. En Novembre 1918 avec beaucoup d’argent et quelques amis, il arrive à Budapest et commence son travail de propagande. Le 22 Février 1919, la mise à sac du local du journal du Parti Social- Démocrate de Karolyi lui vaut une arrestation. Il restera en prison jusqu’au 21 Mars. Mais les manœuvres militaires des pays de l’Entente (Grande Bretagne, France, Italie) vers la Hongrie font quelque peu peur à Karolyi qui est persuadé que l’on tente de les destituer au profit de l’opposition armée nouvellement constituée par l’Amiral Horthy (un ancien aide de camp de François- Joseph Ier).
Karolyi propose un gouvernement de coalition à Bela Kun et dès lors que toutes les propositions des Bolcheviks sont acceptées, la République du Conseil des Soviets de Hongrie (Magyarországi Tanácsköztársaság, ) est proclamée le jour même de sa libération.
Bien que Karolyi reste à la présidence de la République, il apparaît que le commissaire aux Affaires Etrangères Bela Kun est réellement aux commandes du pays, rendant directement des comptes à Lénine. Karolyi va devoir bientôt démissionner après avoir tenté de mettre en place un gouvernement avec les Sociaux-démocrates (il meurt en 1955). Il nationalise les propriétés de la noblesse mais refuse de les redistribuer aux paysans et ce en dépit des ordres du Kremlin. Il transforme les fermes en fermes collectives. Pis, Kun décide de supprimer les impôts dans les campagnes. Une opposition au sein du Parti Social – Démocrate s’organise. Une tentative de coup d’état échoue le 24 Juin et Bela Kun en profite pour commencer une vase épuration. 600 personnes seront exécutées sur les ordres des « Garçons de Lénine » ((Lenin fiúk) ) de Tibor Szamuel.
Les Alliés (France et Royaume-Uni) refusent de reconnaître ce gouvernement marxiste et décident d’organiser une contre révolution. A Szeged, les légitimistes hongrois ont monté un contre-gouvernement dirigé par le Comte István Bethlen et le Comte Guyla Károlyi de Nagykároly (1871-1947). L’Amiral Miklós Horthy est nommé Ministre de la Guerre. Il s’agit aussi pour les Alliés de l’Entente de faire barrage aux velléités expansionnistes des Hongrois marxistes qui envahissent la Roumanie afin de récupérer la Transylvanie. Les monarchistes sont armés par l’Entente.
Les armées d’Horthy se rapprochent de Budapest avec dans leurs dos, celles de l’Entente. Le 1er Août 1919, Horthy entre à Budapest assiégée par les Roumains (ils se retireront en Novembre). Le grand frère soviétique n’a pu venir au secours de Bela Kun, trop occupé à contenir les armées blanches (et évité un putsch de Tibor Szamuely). Bela Kun doit bientôt s’enfuir à Vienne puis en Russie ou Lénine lui octroie la direction du Parti Communiste de Crimée ( il sera renvoyé en Mars 1921 pour conseiller le parti communiste d’Allemagne (K.P.D) qui tente en vain un putsch. Lénine le rendra responsable de cet échec. Revenu en URSS, Bela Kun continuera d’occuper des fonctions au sein du Parti. Mais le 29 Août 1938, accusé de trotskisme, il sera assassiné, son épouse déportée en Sibérie.)
Régence du Palatin de Hongrie
Le 6 août, l’ancien secrétaire d’état monarchiste István Bethlen (1874-1946, exécuté) est nommé Premier ministre du gouvernement monarchiste installé à Budapest . En Tchécoslovaquie, le Président Benes (qui a succédé à Tomáš Garrigue Masaryk le 14 décembre 1935) mène une politique de conciliation entre les Tchèques et les slovaques sur la base d’un pouvoir fort. Sa présence sur l’échiquier international fait de lui un acteur incontournable de la menace nazie qui pèse sur son pays. Edouard Benes (1884-1948) est un fervent républicain et anti-Habsbourg de surcroît. Il s’oppose violemment à toutes tentatives de restauration Charles de Habsbourg-Lorraine en Autriche ou en Hongrie. Preuve en est qu’il prend part aux affaires internes de la Hongrie.
Le Prince Palatin et Archiduc Joseph de Habsbourg-Lorraine est nommé Régent de Hongrie. La Hongrie est de nouveau une monarchie. Il s’agit de restaurer désormais Charles IV sur son trône. Le Régent est populaire en Hongrie. Déjà le 28 octobre 1918, il avait été nommé « Homme du Roi » afin de mener les affaires du Royaume avant de se rallier à la nouvelle République. L’idée de prendre lui-même la couronne de Hongrie avait effleuré le palatin. De nouveau régent, il ne cache pas sa volonté de restaurer Charles IV. La Tchécoslovaquie proteste immédiatement d’autant plus que Charles IV revendique publiquement le 14 août ses droits au trône de Hongrie.
Cependant l’Entente ne l’entend pas de cette oreille et en particulier la République française et craint que le retour de l’empereur-roi déstabilise l’Europe centrale. Une pression est exercée sur le gouvernement hongrois pour que le Palatin renonce à la régence. Friedrich est contraint le 15 de remanier son gouvernement et le 23 août 1919, Joseph d’Autriche doit abdiquer sous la pression internationale (notamment la France) puis en novembre 1919, c’est Friedrich qui à son tour démissionne. La classe politique hongroise est en cette fin de 1919 largement favorable au rétablissement de la monarchie constitutionnelle. L’entente impose un gouvernement largement dominé par les Chrétiens nationaux et nomme comme Premier ministre et chef d’état par intérim Karoly Huszar (1882–1941).
Considérée comme une puissance vaincue, la Hongrie est ensuite convoquée à Paris fin 1919.Le Comte Albert Apponyi qui conduit la délégation est immédiatement mis en résidence surveillée. Forcée de signer le Traité de Trianon (4 juin 1920), le pays perd ainsi les deux tiers de son territoire, passant de 325 411 km² avant la guerre à 92 962 km² après la signature du traité au profit des pays frontaliers (Roumanie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie).
Les élections du 25 et 26 janvier donnent les partis politiques acquis au principe monarchique largement vainqueur (Parti des Petits propriétaires et le Partis des Chrétiens nationaux). Ils s’entendent pour rappeler l’Archiduc Joseph mais le Royaume –Uni, loin de s’offusquer du retour de la monarchie en Hongrie, refuse la présence du moindre Habsbourg sur un trône. Le 2 février, c’est la Conférence des Ambassadeurs alliés qui notifie à la Hongrie son refus de voir la restauration des Habsbourg en Hongrie. On voit aussi également se dessiner une opposition de la part de l’Allemagne et de l’Autriche. Le 1er de crainte de voir le séparatisme bavarois se rapprocher des monarchistes autrichiens, le 2ieme ne souhaitant pas voir un Habsbourg à sa porte. Le gouvernement Aristide Briand, pourtant proche de l’Empereur Charles Ier d’Autriche durant la 1ere guerre mondiale, soutient le refus tchèque de soutenir la restauration des Habsbourg . L’Eglise se mêle au débat et prend ouvertement position en faveur de la dynastie impériale. La présence des Chrétiens nationaux lors de la conférence épiscopale de février 1920 est un exemple du soutien accru du Vatican en faveur de Charles IV de Hongrie.
Si le Parti chrétien national soutient la restauration des Habsbourg, celui des Petits propriétaires songent à l’élection d’un autre souverain. Le Quai d’Orsay en France ira même suggérer que celui soit issu des dynasties belges ou britanniques
Après avoir porté un monarchiste à la tête de l’Assemblée nationale, la loi 1 de 1920 constata la fin de l’union de 1867 et proclama la Régence en Hongrie avec des pouvoirs accrus. Le 1er mars 1920, l’Amiral Horthy, Chef des Armées hongroises et issu d’une famille de magnat calviniste, est élu à la majorité des voix , Régent de Hongrie avec des points de vue différents. Certains députés pensèrent que cette élection éloignait les Habsbourg du trône, d’autres qu’elle les rapprochait de près.
L’arrivée de l’ Amiral Miklós Horthy de Nagybánya (1868- 1957) au pouvoir redessine de nouveau la carte politique. Les slovaques indépendantistes de Hlinka et la minorité hongroise tchèque sont favorables au coup d’état hongrois. Benes est donc inquiet de la situation et n’a guère d’intérêts que l’Empereur Charles remonte sur le trône. Pis, la Pologne a envisagé lors de la proclamation de son royaume de proclamer l’Archiduc Charles- Stéphane d’Autriche (1860-1933) souverain (1916) car il était un polophone avéré (deux de ses filles étaient mariés aux Prince Radziwill et Czartoryski) et où son fils Guillaume rêvait d’un trône ukrainien . La fin de la guerre avait fait échouer cette nomination mais Charles- Stéphane d’Autriche vivait encore en Pologne un an après. Benes se sentait cerné de toutes parts par des complots monarchistes.
Tentative de restauration de la monarchie par Charles Ier
En 1920 poussé par le Vatican, Charles revendique son trône (Aristide Briand (1862- 1932, Président du Conseil de la République de France) consulté par le Prince Sixte de Bourbon Parme n’est pas opposé au retour de l’Empereur en Hongrie et le fait savoir …oralement . Déjà en 1917, les deux hommes avaient affiché leur volonté de négocier une paix séparée mais le renversement de son ministère par l’arqueboutiste Georges Clémenceau avait empêché alors tout accord.
Charles annonce ses intentions à Horthy en Mai. Il entend revenir en Hongrie, dans un royaume où il est légitimement le souverain. L’Archiduc Joseph de Habsbourg-Lorraine est le représentant de Charles IV mais négocie également de son côté pour obtenir un trône.
Déguisé en jardinier, Charles quitte la Suisse. Arrivé en Hongrie, il convoque à 4 heures 30 du matin, le Comte et premier Ministre Paul Teleki. Ce dernier tente de convaincre Charles de renoncer à marcher sur la capitale. Charles décide d’arriver à Budapest sans se faire annoncer. A 6 heures 30, Teleki qui veut devancer le Roy se perd en route. A 14 heures, Charles arrive au palais. Horthy doit s’appuyer sur le Capitaine Gömbes Jakfa (futur premier ministre pro nazi en 1932, et auteur du siège du parlement le 1er Mars 1920 afin de forcer la démission du Palatin) pour empêcher le Roy de faire avancer ses troupes. Horthy réclame au Roy un titre de Duc et un poste de Chef d’Etat- Major. L’entrevue est froide, Horthy avance que la Bohème va attaquer et demande au Roy de se retirer au Palais épiscopal de Szombathely. A peine le Roy partit qu’Horthy téléphone à Teleki et Gömbes, convoque le représentant de France pour lui annoncer que le Roy a renoncé. A 10 heures, le lendemain, Charles doit repartir et arrive à 17 heures en Autriche qui l’expulse vers la Suisse.
Charles n’a pas renoncé pour autant à son trône. En Avril 1921, Charles se prononce ouvertement pour la restauration de la monarchie en Hongrie. Par sécurité, Horthy dissout le corps armé du Colonel Lekàr trop favorable au Roy. Le 13 Octobre, fort des soutiens armés qu’ils lui sont annoncés, Charles approuve un plan armé sur la capitale. Le21 Octobre, à 12 heures 15, un avion immatriculé CH59 décolle et arrive à 16h 20 en Hongrie mais se trompe de lieu de rendez vous (2 heures du lieu prévu, confond feu de pommes de terre des feux du Colonel Lekàr). Le lendemain, Le Roi et la Reine arrivent à 4 heures du matin avec 4 wagons armés. A 13 heures, ils débarquent à Györ. Avertis, le Régent informe la Petite Entente de la restauration de Charles. L’Entente proteste. Le Comte Joseph Karolyi et la garnison de Biske se rallient le Roy qui nomme le Prince István Rakovszky de Nagyrákó et Nagyselmecz (1858-1931).
Le Prince István Rakovszky de Nagyrákó et Nagyselmecz n’est pas un inconnu. En 1895, il participe à la fondation du Parti du peuple catholique dont il devient Vice- Président en 1903 en enfin le leader du parti 3 ans plus tard . Sénateur de 1898 à 1918 puis Député de 1918 à 1926, il soutint le cabinet Tisza mais la chute du gouvernement provoqua aussi celle de on parti. Brièvement arrêté durant le gouvernement communiste de Bela Kun , son mouvement fusionne avec le Parti Social et économique catholique pour former le Parti national chrétien (KNEP). Nommé Président du Parlement le 18 Février 1920, le Prince István Rakovszky de Nagyrákó et Nagyselmecz est un fervent royaliste qui réclame la restauration de la monarchie, s’opposa au Traité de Trianon avant d’être forcé de démissionner de son poste en Juillet 1921.
Le 23 Octobre vers 6 heures du matin, les 1ers coups de feu sont tirés sur le convoi. A Budapest, Gömbes n’arrive pas réunir assez de troupes fidèles au Régent et décide d’armer les étudiants de l’Ecole Supérieure des Ingénieurs. A peine nommé, le Prince Rakovszky Premier Ministre qui demande au Comte Bethlen de démissionner. Le 24 Octobre à 8heures, Charles doit se replier au Château de Tala. Le clergé se rallie immédiatement au Roy. On se bat à Budapest entre partisans du Roy et ceux du Régent. Le 25 octobre, le Château est encerclé par troupes du Régent . Le 26 Octobre, à 6 heures, Charles doit quitter le château et arrive l’abbaye de Tihany. Il y reste protégé par ses troupes. Le 29, il refuse l’acte d’abdication du Régent et une seconde fois le lendemain, arguant du fait qu’il est hongrois de naissance (Prague menace Budapest d’une invasion si les Habsbourg sont restaurés). Le 31, Lékar décide de retirer son soutien au souverain et s’exile à Vienne.
Tout est perdu. Charles et Zita doivent revenir en Suisse où le 6 Novembre, ils sont expulsés vers la Turquie et enfin, Gibraltar et Madère le 16 sous la protection du Roy d’Espagne.
En 1922, Charles IV meurt d’une mauvaise pneumonie. Officiellement, la Hongrie est toujours un royaume avec un Régent à sa tête, l’Amiral Horthy.
Le mouvement légitimiste de 1918 à 1945
En Hongrie, L’Amiral Horthy a écarté toutes idées de restauration monarchiste dans le pays. Le régime reste toujours celui d’une monarchie et Horthy son régent, mais point de Habsbourg- Lorraine sur le trône. Le mouvement légitimiste va se réorganiser. En 1922, l'ancien ministre de l'éducation et Comte Gyula Andrássy de Csíkszentkirály (1860-1929) crée avec István Friedrich (1883-1951), Albert Apponyi et le Prince Rakovszky (1853-1926), le Keresztény Nemzeti Földmíves és Polgári Párt (-KNFPT ou Andrássy-Friedrich Párt / Parti national et Civique des travailleurs agricoles et chrétiens).
Aux élections du 28 mai -19 juin 1922, le KNFPT entre au parlement avec 11 députés monarchistes. Peu assez mais un succès que le Régent ne peut ignorer. L’influence des magnats hongrois pro-Habsbourg est encore forte dans les campagnes. Le fils de Charles Ier, l’Archiduc Othon de Habsbourg-Lorraine, âgé de 20 ans, est désormais l’espoir des monarchistes austro-hongrois.
Le KNFPT fait rapidement à des crises internes dues aux fortes personnalités qui le composent et la plupart trop âgées pour insuffler un courant moderne. Il finit par ne plus avoir d’influence dans la politique hongroise et la plupart de ses membres fondateurs rejoindront le nouveau mouvement crée en 1923, le Parti chrétien de l'économie nationale (Keresztény Nemzeti Gazdasági Párt /KNGP ou Parti de Zichy ) puis en 1925, la fusion des deux mouvements donnera naissance au Parti social Chrétien-économique (Keresztény Gazdasági és Szociális Párt /KGSZP). Regroupant diverses tendances, les monarchistes y restent cependant influents avec la présence d’ István Friedrich. Lors des élections de 1925, 36 députés monarchistes sont envoyés sur les bancs de l’assemblée. Il restera le 2ieme parti national de Hongrie jusqu’aux élections de 1935 où il redescendra à la 3ieme place avec seulement 18 députés. Fatigué par tant d’années de combat, Gyula Andrássy se retirera de la politique. En 1930, c’est l’Archiduc Joseph de Habsbourg-Lorraine qui cesse ses activités politiques.
En 1933, plusieurs mouvements légitimistes avaient fusionné entre eux pour donner naissance au second parti légitimiste de Hongrie (Nemzeti (Legitimista) Néppárt ou Griger-párt) dirigé Nicolas Griger (Miklós Griger) . Il essaye à diverses reprises d’entrer au parlement, mais en vain. C’est le Comte Antal Sigray (et chef légitimiste Hongrois de la ligue de la Couronne Magyare de Saint Etienne) qui anime les débats au parlement et devient le représentant du prétendant au trône. Le mouvement monarchiste hongrois marque les années 30 en proclamant être en faveur d’un« royaume populaire social». En août 1934, Budapest voit le plus grand rassemblement de monarchistes près de l’ancien palais royal.
Mais le KNGP refuse toute entente avec le parti de Griger. Chaque tentative d’accord se soldera par un échec. Les monarchistes sont incapables de s’entendre. En 1937, le Parti légitimiste se scinde en deux. Une partie va fusionner avec le KNGP du monarchiste János Zichy pour donner naissance au Parti Démocrate- chrétien uni (Egyesült Keresztény Párt /EKP) tandis qu’ István Friedrich reste à la tête de ce qui reste du KNGP.. Le 11 octobre 1937, le Parti Agrarien et les légitimistes s’allient pour former une coalition en vue de la restauration de la monarchie).
Griger meurt à 58 ans le 28 février 1938 suivi d’une grande voix du monarchisme Hongrois, le Comte Apponyi (auquel lui succède son fils Georges).
Afin de se démarquer de l’extrême droite, le mouvement légitimiste refuse de voter les lois raciales de 1938 qui imposent aux juifs de rester dans les ghettos. Les monarchistes hongrois prennent contact avec ceux d’Autriche. Les conditions de la restauration sont réunies mais l’invasion allemande force le prétendant à se réfugier en France.
En 1939, le Comte Pál Teleki de Szék (1879 – 1941), leader du parti de la Vie hongroise (Magyar Élet Pártja), revient au pouvoir comme Premier ministre. Un poste qu’il a déjà occupé de juillet 1920 à avril 1921. Il est attaché au Régent. Il fait peu de cas du prétendant Habsbourg qui a échoué à se faire restaurer en Autriche et refuse toute communication avec le mouvement monarchiste hongrois. Le Régent a décidé une politique de collaboration avec l’Allemagne nazie. Position clairement condamnée par le prétendant au trône comme Teleki.
Cette alliance avec l’Allemagne avait permis à la Hongrie d’acquérir la partie magyare de la Tchécoslovaquie en 1938. Puis deux ans plus tard, c’est la partie hongroise de la Roumanie qui est attribuée au Régent. En remerciement, le Régent accepte de rejoindre en Avril 1941 l’Axe Rome-Berlin, participe de facto à l’invasion de la Yougoslavie avec la Bulgarie.
L’invasion de la France par les Allemands force de nouveau la famille impériale d’Autriche à s’échapper. Leur prochain exil et lieu de résistance, les États-Unis ! Roosevelt reçoit le Prétendant et lui ouvre également les ondes radiophoniques de son pays. Otto de Habsbourg-Lorraine entre en contact conjointement avec le le Comte Antal Sigray, le leader du Mouvement légitimiste Hongrois le Comte Albert Apponyi et le Premier Ministre Teleki. En octobre 1940, Sigray écrit au Premier ministre Winston Churchill et lui affirme que les légitimistes croient dans la victoire des britanniques. Devenu un membre de la Chambre haute, le Comte Antal Sigray est un opposant virulent au Régent Mais lorsque le Régent Horthy décide de laisser les troupes allemandes passer par son pays pour attaquer la Yougoslavie, la Hongrie passe passer dans le camp adverse. De honte, Teleki se suicide le 3 avril 1941.
Chute de la Régence
Mais l’omniprésence allemande dans les affaires nazies va finir par agacer le Régent qui dès 1942 entame des négociations secrètes avec les Alliés. Hitler est furieux de l’indépendance du Régent. Son fils, Istvan (né en 1904) est nommé Vice- Régent en Janvier 1942. Les monarchistes légitimistes n’apprécient pas cette nomination et suspectent le Régent de vouloir mettre en place une nouvelle dynastie. L’Allemagne se chargera bientôt de mettre fin à ce projet. Le 20 Août 1942, l’avion qu’il pilote se crash mystérieusement au- dessus du front. A un Istvan Horthy succédera son frère Miklos (1907-1993) farouchement anti-nazi. Puisque la mort du Vice –régent ne stoppe pas les négociations secrètes du Régent Horthy, les allemands enlèveront Miklos le 15 Octobre 1944.
Miklós Kállay de Nagykálló (1887-1967), désigné Premier ministre le 9 mars 1942 prend contact avec Otto de Habsbourg- Lorraine. Les nazis qui entourent le Régent, goutent peu à cette action qui est en passe de faire basculer le pays dans le camp des Alliés avec qui la Hongrie commence à négocier. Winston Churchill, Premier Ministre Britannique, se montre favorable à la création d’une Confédération des États Danubiens sous l’autorité d’Otto de Habsbourg- Lorraine (projet qui sera étudié en 1945 lors de la Conférence de Postdam). Miklós Kállay évoquera même la démission du Régent le 23 novembre 1943 en faveur du prétendant au trône qui réclame un référendum en ce sens dès lors que le pays sera libéré. Au Sénat en décembre 1943, le Comte Antal Sigray exhorte les Hongrois à refuser les deux totalitarismes qui prévaut en Europe. Sa voix se perd dans une assemblée qui ne contrôle plus la situation.
A un Istvan Horthy succède son frère Miklos (1907-1993) farouchement anti-nazi. Puisque la mort du Vice –régent ne stoppe pas les négociations secrètes du Régent Horthy, les allemands enlèveront Miklos le 15 Octobre 1944 . En Hongrie, les nazis savent qu’ils peuvent compter sur le Parti des Croix fléchés de Ferenc Szalasi (né le 6 Janvier 1897). Szalasi était un ultra nationaliste qui rêvait de recréer la Grande Hongrie amputée par le Traité de Trianon en 1920. En 1935, il avait fondé le Parti de l’Héritage National qui fut bientôt interdit par le gouvernement. Deux ans plus tard, il fonde le Parti National- Socialiste Hongrois qui attire les classes populaires. Après l’Anschluss de 1938, il devient plus virulent et fait l’objet d’une arrestation. Elu leader du Parti des Croix Fléchées, il obtient 30 sièges au parlement lors des élections de 1939. Relâché dès 1940, le Premier Ministre Pal Teleki interdit les Croix Fléchées. Mais l’alliance avec l’Allemagne le remet en place sur la scène politique même si à Berlin, certaines officines s’élèvent contre ce soutien car le peu d’enthousiasme anti sémitique des croix Fléchées fait peine à voir. Nommé le 22 Mars 1944, le Premier Ministre pro- nazi Döme Sztojay légalisera le Parti de Szalasi (Miklós Kállay est envoyé à Dachau jusqu’en 1945). Sigray (1887-1967, élu député en 1939) a été arrêté peu avant , le 19 mars et tout comme le comte Georges Apponyi . Les deux leaders monarchistes seront envoyés en camps de concentration de déportés à Mauthausen Les monarchistes avaient tenté de se regrouper une nouvelle fois sous le nom de Parti Populaire Chrétien (Keresztény Néppárt) en décembre 1943 avant d’être interdit en août 1944 par le gouvernement qui craignait une résistance de l’intérieur (arrestation de 1946 monarchistes)
Les légitimistes et l’occupation soviétique
La Hongrie a été envahie par les Allemands le 19 Mars 1944. Le Régent Horthy est suspecté par les Nazis de rejoindre les Alliés et par les monarchistes de vouloir fonder sa propre dynastie. A peine arrivé, 475 000 juifs sont vite arrêtés et internés entre Avril et Juillet alors que jusqu’à présent la Régence les protégeait. Le 6 Septembre, la Roumanie envahit à son tour la Hongrie. Horthy décide de demander l’armistice à l’URSS le 15 Septembre. Le 15 Octobre, il ordonne à la radio un cessez le feu alors que 24 heures auparavant son dernier fils a été enlevé par les nazis. Le lendemain, le Régent est forcé à l’abdication.et emmené en Allemagne (libéré par les Américains qui le maintiennent en détention, il sera libéré quelques mois plus tard et autorisé à s’exiler. Il meurt en 1957 à Estoril). Le Leader des Croix Fléchées Ferenç Szàlasi (né en 1897) est installé à sa place et se nomme Conducteur de la Nation. La Hongrie est divisée. Les monarchistes exilés ou de l’intérieur complotent pour restaurer l’Archiduc Othon de Habsbourg- Lorraine (réfugié aux Etats-Unis). Il y’a également les insurgés communistes armés par les soviétiques. Un gouvernement provisoire est formé à Debrecen par le Général Dalnoki- Miklos (1890- 1948) et sur les 12 membres du Conseil, 3 communistes y participent. Le 24 Décembre 1944, Budapest est envahie par les Alliés. Szalasi doit s’enfuir mais continue la résistance jusqu’en Avril 1945 où il est capturé. dans un ultime acte avait proposé le trône de Hongrie au dignitaire nazi Herman Goering afin d’obtenir plus de soldats, en vain. il sera exécuté le 12 Mars 1946) Le 17 janvier après 58 jours de sièges, les Soviétiques entrent à Budapest. Les bombardements aériens auront coûté la vie à 200 000 personnes. Le 4 Avril, le pays est totalement libéré. Dalnoki- Miklos est nommé Premier Ministre. Des élections législatives sont organisées en Novembre et le Parti des Petits Propriétaires obtient 57% des voix contre 20 aux Sociaux -démocrates, 17% aux communistes et 6 aux Nationaux Paysans. Le nouveau gouvernement est résolument à gauche. Le Pasteur Zoltan Tildy (1889-1961) qui à la faveur des Soviétiques est nommé Premier Ministre tandis que Bela Zsedenyi accède à la Régence.
Il s’agit désormais de déterminer si la Hongrie demeure une monarchie ou devient une République. Le Parlement est dominé par les proches des Soviétiques. Il est donc hors de question que la Hongrie maintienne son statut royal. Les soviétiques arrêtent des centaines de monarchistes et maintiennent son interdiction. Sigray et Apponyi libérés des camps ont décidé de rester en exil afin d’éviter un autre emprisonnement. Sigray meurt le 25 décembre 1947 suivit d’Aponyi
A l’unanimité moins une voix monarchiste, la République est proclamée et dans la foulée on vote la « Loi pour la protection de la République ».
Tout va très vite alors. Szàlasi est pendu pour haute trahison, le leader Du Parti des Petits Propriétaires Frenc Nagy (1903-1979) est nommé Premier Ministre le 4 Février. Les Mines et les Assurances sont nationalisées, les communistes prennent doucement le contrôle des administrations. En Mai, Nagy est contraint à la démission et un gouvernement du Front Populaire Patriotique est crée avec à sa tête Lajos Dinnyés (1909-1961). Aux élections d’Août le Parti des petits Propriétaires est battu devant l’Union des Forces de Gauche qui obtient 60% des voix. L’année 1948 dessine le futur visage du pays. Nationalisation, traité d’amitié avec l’URSS, fusion des partis de gauche dont le Parti Communiste et le Parti Démocrate dans un Parti des Travailleurs Hongrois (Tildy perd son leadership et remplacé par Arpad Szakasits (1888-1965) à la présidence), arrestation du leader monarchiste, le Cardinal et Primat de Hongrie le cardinal Mindszenty (1892-1975) qui sera le 8 Février 1949 condamné à la prison à vie et interdiction définitive du mouvement monarchiste, le Parti populaire chrétien-démocrate (arrestation du Prince Paul Esterhazy. Le 15 Mai 1949, le Front Populaire Patriotique, seul parti à se présenter aux nouvelles élections législatives obtiendra 96% des voix soit 270 sièges sur 395. La Hongrie est définitivement occupée par les soviétiques.
Otto de Habsbourg-Lorraine va alors prendre le leadership des hongrois exilés. Les monarchistes se regroupent autour du Front Chrétien (KF) qui entre en clandestinité. Durant les événements de 1956 qui menacent le pouvoir pro –communiste à Budapest, les monarchistes sortent dans les rues. Le 3 novembre 1956, le KF prend le luxe de faire entendre sa voix sur les ondes de la radio hongroise y compris celle du prétendant qui demande à l'Organisation des Nations Unies d'intervenir, en vain.
Otto de Habsbourg- Lorraine fait campagne pour la création d’une Fédération danubienne qui rassemblerait autant la Bavière, la Hongrie que l’Autriche
Le mouvement légitimiste de 1990 à nos jours
En Hongrie, comme dans toute l’Europe centrale et de l’Est, le pays est secoué par des manifestations réclamant des libertés voir la restauration de la Grande Hongrie. Le 29 Juin 1988, Bruno Straub (1914- 1996) prend la tête de la présidence du Pays. Un nouveau vent de liberté souffle sur le Royaume de St Etienne dont on va fêter le 20 Août 1988, le 950 ième anniversaire de sa mort. Un symbole alors que l’idée de voir un Habsbourg revenir ne Hongrie fait son chemin au sein de la population. On réhabilité les émeutiers de 1956 et on autorise même la création du Mouvement Social Démocrate. Le rideau de fer se fracture ; Le 28 Janvier 1989, c’est au tour du Parti Communiste Hongrois de réhabiliter le soulèvement populaire de 1956. Le 7 Octobre, le Parti Communiste se dissout et se rebaptise Parti Socialiste, abandonne son rôle de leadership et Straub annonce sa démission. Mathias Szürös assure l’intérim, la République est proclamée, le Président sera élu au suffrage indirect. L’URSS n’a pas bougé.
Le 3 avril 1989, Otto de Habsbourg- Lorraine est à Budapest pour présider une messe en l’honneur de sa mère décédée un mois avant. Des milliers de monarchistes se réunissent en la Cathédrale Saint Matthias qui retentit d’acclamations. Déjà en 1987, son fils Karl avait effectué une visite en Hongrie. Lui-même avait fait un retour inattendu, largement médiatisé ,en Hongrie le 13 juillet 1988 sans prévenir les autorités communistes . A l’annonce de son retour (48 heures), des milliers de hongrois s’étaient pressés devant son hôtel et la chaine de télévision hongroise avait consacré son antenne à ce retour de l’héritier photographié et filmé devant la Couronne de Saint Etienne.
En janvier 1989, c’est 70 000 personnes qui se précipitent dans les salles de cinéma pour voir un film consacré au prétendant au trône. On placarde même des affiches aux couleurs de l’empire, montrant l’Archiduc dans son uniforme d’officier royal de Hongrie.
Lors de sa visite entre le 28 février et le 3 mars 1989, les autorités communistes invitent le prétendant au trône à faire une conférence au Ministère des Affaires étrangères y compris à l’université Karl Marx tout en snobant la délégation européenne qu’il conduit. Les portraits de l’Archiduc connu sous le nom d’Othon II de Hongrie sont brandis.
Le 19 août 1989, avec divers groupes politiques dont le mouvement paneuropéen et les monarchistes hongrois, le prétendant au trône, sa fille Walburga et la branche palatine de Hongrie organisent « le pique nique paneuropéen » à la frontière austro hongroise. Coupant les barbelés, ils permettent à des centaines d’Est-allemands de fuir leur pays.
A la chute du mur de Berlin (1989) et du communisme en Hongrie (1990), on propose la première présidence du pays à l’Archiduc Otto de Habsbourg- Lorraine (proposition du Parti des Petits propriétaires, du Parti libéral et celui du Parti des Gitans . Une initiative populaire qui recueille 100 000 signatures) mais ce dernier refuse préférant se concentrer sur ses activités européennes de peur de « froisser l’Autriche » qui avait finalement autorisé son retour en 1966 après qu’il eut renoncé à prétendre au trône. Le 2 mai 1990, néanmoins il assiste dans la loge d’honneur à l’ouverture du parlement dont le doyen se fendra d’un respectueux message à l’intention du prétendant, rappelant à l’assemblée qu’il a « servi du temps de Charles IV ».
Il fut de nouveau évoqué en 1992 de reconduire une « sorte de présidence couronnée » telle que la Hongrie l’avait connue sous la Régence d’Horthy mais une nouvelle fois le prétendant refusa cette offre. C’est donc Arpad Göncz (né en 1922) qui assure le poste de Président de la République libre de Hongrie
Le 21 août 1990, le Parti légitimiste hongrois (Magyar Legitimista Párt) se reforme . Dirigé par Pálos László, il tente de participer aux élections législatives mais n’obtient aucun élu. Le refus d’Otto de Habsbourg-Lorraine d’accepter la présidence de la Hongrie à la chute du régime communiste brise l’élan des monarchistes. Cependant, le gouvernement hongrois courtise encore sa famille royale. En 1996, l’Archiduc Paul-Georges de Habsbourg-Lorraine entre dans le gouvernement hongrois.
Malgré une importante campagnes d’informations en faveur du retour de la monarchie en Hongrie , faute de soutiens financiers, le Magyar Legitimista Párt cesse ses activités politiques en 1998 pour se restreindre uniquement à des activités commémoratives annuelles.
Crée en 1999, le Parti du Royaume Hongrois (Magyar Királyság Párt) ne reconnaît pas pour autant les prétentions des Habsbourg-Lorraine au trône de Hongrie. Il propose qu'un membre de la noblesse hongroise soit élu en cas de restauration de la monarchie en Hongrie (le choix de ce mouvement se porterait sur un membre de la famille Esterházy). D’ailleurs dès sa création, il envoyé au gouvernement hongrois une supplique réclamant la restauration de la monarchie par une élection du prétendant. Il a été officialisé en 2008 comme mouvement politique.
Dans les années 2000, un Parti monarchiste constitutionaliste hongrois a fait brièvement son apparition mais n’a pas eu le succès escompté.
Lors des funérailles d’Otto de Habsbourg- Lorraine, la Hongrie a fait célébrer des messes, observer des jours de deuil et une minute de silence au Parlement
En 2013, dans un entretien, le député fondateur du Parti Jobbik Gábor Vona Zázrivecz a déclaré être monarchiste et pas opposé au retour des Habsbourg sur le trône. La nouvelle constitution votée en mars 2011 laisse d’ailleurs à ce jour la question du retour de la monarchie ouverte. Dans son préambule, celle-ci mentionne la Sainte Couronne comme symbole de la continuité constitutionnelle de l'État et de l'unité nationale, reconnaît le statut d’état chrétien de la Hongrie qui voit abolir la mention de « République ».
En 2012, l’Archiduc Paul- Georges de Habsbourg-Lorraine dans un entretien à Nouvelles de France affirmait soutenir le gouvernement mais ne croyait pas aux chances de restauration de la monarchie en Hongrie.
Liens internes
- Palatin de Hongrie
- Paul- Georges de Habsbourg-Lorraine
- Tentative de restauration de la monarchie par Charles Ier
- Otto de Habsbourg-Lorraine
Liens externes
- [1] : Sigray reçoit Otto de Habsbourg-Lorraine
- [2] : Biographie du Comte Guyla Andrassy
- [3] : Blog monarchiste hongrois (Hongr.)
- [4] : Histoire du Légitimisme Hongrois (Hongr.)
- [5] : Site du Parti du Royaume hongrois (Hongr.)
- [6] :Histoire du légitimisme hongrois (Hongr.)
- [7]: Le Parti du Royaume hongrois (entretien )
- [8] : La question monarchiste en Hongrie (Hongr.)
- [9] : Portail monarchiste hongrois (Hongr.)
- [10] : Parti légitimiste hongrois (Hongr.)
- [11] : Institut de l’histoire des Habsbourg en Hongrie ( Hongr./Angl.)
- [12] : Groupe facebook dédié au monarchisme en Hongrie (Hongr.)
- [13] : Histoire du Légitimisme Hongrois (Hongr.)
- [14] : Histoire du Légitimisme Hongrois (Hongr.)
- [15] : Blog monarchiste hongrois ( Hongr.)
- [16] : Entretien de Gabor Vona (2013) (Hongr.)
- [ http://www.horthy.hu/] : Site sur Miklos Horthy