Faysal II
FAYSAL II
Fils du Roi Ghazi et de la Reine Alia Ben Nasser , Faysal (ou Fayçal الملك فيصل الثاني Al-Malik Fayṣal Ath-thānī) II Hashémite (ou Hachémite) fut Roi d’Irak de 1935 à 1958.
Enfance tourmentée d’un Prince du désert
Né le 2 mai 1935 au Palais de Bagdad, le Prince est encore dans les langes quand son père meurt mystérieusement dans un accident de voiture le 4 avril 1939 après à peine 5 ans de règne. Dans un pays infiltré par les agents secrets allemands et anglais (le pays est sous mandat Britannique depuis 1918), les rumeurs de complot vont alimenter les couloirs du palais royal.
Proclamé Roi sous le nom de Faysal II, le Conseil royal décide la mise en place d’une régence avec à sa tête, l’anglophile Prince Abdallah (ou Abd Al Ilah), oncle du Roi. Nouri Al Saïd, longtemps accusé d’avoir orchestré l’accident de voiture du Roi Ghazi (aucune preuve à ce jour n’a pu le démontrer) est redevenu Premier ministre et a repris la diplomatie pan-arabe mise en sommeil après le coup d’état de 1936. Dès octobre 1939, Nouri Al Saïd accueille et accorde l’asile au Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amine A Husseini dont les sympathies nazies sont connues de tous. Lorsque la Seconde guerre mondiale éclate, le monde arabe est en ébullition. Une victoire de l’Allemagne signifierait la fin de la domination britannique au Moyen – Orient. Bagdad devient le centre du nationalisme pan- arabe notamment de la cause palestinienne.
Faysal II grandit dans cette atmosphère de complot et avec toute l’insouciance d’un enfant que l’on écarte de la politique de son pays. Faysal II n’est pas préparé à régner et à peine 6 ans lorsque le coup d’état d’avril 1941 ramène au pouvoir l’ancien Premier Ministre Rachid Ali et chasser le Régent Abdallah. C’est un gouvernement pro nazi qui va diriger le pays entre mars et mai 1941.
Nour Al saïd avait eu fort à faire avec les agissements nazis et lorsque la Seconde guerre mondiale avait éclaté en septembre 1939, il avait décidé en dépit de l’article 4 du traité anglo –irakien, de ne pas déclarer la guerre à l’Allemagne pas plus qu’il n’autorise l’emploi des forces irakiennes hors du pays. Les nazis avaient infiltré toute l’administration irakienne et l’Ambassadeur allemand Grobba fournissait en matériel, films et livres de propagande nazie ses partisans. Une vague anti- sémitique secoua le royaume.
L'exil
L’arrivée au pouvoir de Rachid Ali (mars 1940) complique encore plus la tâche des Britanniques. Avec l’entrée en guerre des italiens (Juin 1940) aux côtés de nazis, Rachid Ali refuse de rompre ses liens diplomatiques avec l’Italie fasciste. Les anglais interviennent cette fois ci et réclameront la tête de Rachid Ali au Régent Abdallah.
Chassé par le coup d’état, le Régent Abdallah se réfugie en Transjordanie voisine (puis en Egypte) ou règne un des membres de sa famille. Et c’est un autre Hachémite, le Prince Chérif Sharaf (1880-1955) qui assure la Régence sous l’œil désorienté du jeune Roi Faysal II, emmené en otage au Kurdistan.
Le gouvernement pro- nazi de Rachid Ali ne durera qu’un mois. Malgré le faible soutien allemand au régime, les Britanniques envahissent le pays et grâce à une rapide campagne militaire chasse le Premier ministre Rachid Ali du pouvoir en mai 1941.
Retour sur le trône et seconde Régence du prince Abdallah
De retour avec les chars Britanniques, le Régent Abdallah peut retrouver confortablement son poste de Régent. Le Prince Chérif Sharaf a été arrêté et sera exilé jusqu’en 1944 en Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwé) avant de retrouver à la fin de la seconde guerre mondiale un poste de Sénateur.
Nouri Al Saïd retrouve son poste de Premier ministre le 9 octobre 1941. Une armée de 5000 mésopotamiens (Levée Assyrienne) est crée afin d’aider les Britanniques à envahir l’Iran voisin puis la Syrie française (8 juin 1941). Toute l’armée irakienne est désormais sous la tutelle du Royaume- Uni.
Le Prince- Roi Faysal II est envoyé après la Seconde guerre mondiale, faire ses études au Royaume-Uni. Avec lui, son cousin et futur Roi de Jordanie Hussein Ier. Loin d’entamer une réconciliation nationale, dès sa nomination comme Chef du gouvernement le 21 novembre 1946, Nouri Al Saïd fait arrêter tous les nationalistes irakiens qui menacent la monarchie. Le Régent Abdallah continue, lui, de voyager et mettre son pays au centre de l’échiquier international. Le pays est riche de son pétrole et excite l’appétit des pays occidentaux. Les États-Unis reçoivent le Régent en 1945 que l’on voit diner avec le couple présidentiel.
A Londres, dans leur enceinte scolaire, Faysal II et son cousin planifie une fusion de leurs deux royaumes afin de contrer le mouvement nationaliste. Abdallah éloigne toujours le Roi des affaires politiques d’Irak et ne goûte pas à ce projet de fusion des deux royaumes. Le Régent décide le 29 mars 1947 de remplacer Nouri Al Saïd par un Premier ministre moins ambitieux. Le Chiite Saleh Jabr est nommé à la tête du gouvernement et dès son arrivée au pouvoir décide de renégocier le traité anglo- irakien de 1930.
Dans le même temps, les employés du secteur pétrolier déclenchent une grève. Le gouvernement sous pression des sociétés britanniques d’exploitation du pétrole fait réprimer durement la grève. Des centaines de membres du Parti communiste irakien (fondé en 1934) sont arrêtés.
Lors de la partition de la Palestine, l’Irak proteste aux Nations Unies.
Aux élections parlementaires de 1947, Nouri Al Saïd joue les troubles fêtes. Avec son parti, l’Union constitutionnelle, il remporte 17 des sièges réservés sur 46 au parlement. Les nombreux Cheikhs du pays lui ont accordé son soutien en échange d’un siège au parlement national.
Signé le 15 janvier 1948, l’accord conclu avec le Royaume Uni ne l’appliquera finalement jamais. Si cet accord marque la fin de certaines prérogatives des anglais sur le Moyen –Orient, il ne signifie pas pour autant leur départ (il conserve la mainmise des Affaires Étrangères). En effet, avec la création de l’Etat hébraïque israélien le 14 mai 1948, c’est tout le Moyen- Orient qui se retrouve déstabilisé. Le nationalisme arabe trouve là sa grande cause. Le Grand Mufti de Jérusalem est encore le porte parole de ce nationalisme. Les affrontements entre palestinien et juifs déclenchent une guerre dans tout le Moyen- Orient. L’Irak envoie 10000 soldats combattre les Israéliens au sein d’une coalition arabe. L’armée irakienne est pauvrement équipée et furent la risée de la coalition armée arabe.
La défaite des forces coalisées arabes contre l’Etat israélien (mars 1949) sera un camouflet de la politique du gouvernement de Nouri Al Saïd rappelé au pouvoir (6 janvier 1949) après la signature du traité de janvier 1948 et dont il avait été un des négociateurs. Une rébellion éclate même menaçant le gouvernement de Nouri Al Saïd. La même qui avait conduit les irakiens a violemment manifester à Bagdad après la signature des accords de janvier 1948 et forcé le Régent Abdallah de révoquer le traité.
S’appuyant sur les élites du pays, le Premier ministre Nouri Al Saïd refuse de libéraliser son régime. Réformes qui auraient permis à la monarchie de survivre. Le Premier ministre cristallise toute la haine d’un peuple contre lui. Il forme alors le projet de former une union avec la Syrie mais un coup d’état la même année dans ce même pays fait échouer toue idée d’union. Finalement le Régent limoge de nouveau Nouri Al Saïd le 10 décembre 1949.
En 1952, c’est au tour du Roi Faysal II de visiter les États-Unis. C’est un succès. Il est Roi, jeune et s’apprête à être couronné Roi d’Irak pour sa majorité (2 mai 1953). Avec le profit des revenus du pétrole, le Roi se lance dans de couteux projets de développements, s’aliénant les classes populaires et la bourgeoisie moyenne et organise des élections législatives (août 1954) remportées par ..Nouri Al Saïd (revenu au pouvoir le 15 septembre 1950). A peine réélu, il s’empresse d’imposer la censure et interdit les partis jugés anti royalistes.
En septembre 1953, des émeutes orchestrées par le Parti communiste irakien éclatent. Elles sont réprimées dans la violence. Le régent Abdallah se retire mais reste néanmoins Conseiller de son neveu.
Afin de calmer les irakiens, de contrôler le mouvement nationaliste et de libéraliser le régime, Faysal II entame des négociations avec Égypte, la Turquie, le Pakistan et l’Iran, conjointement avec le Royaume- Uni. Le 23 février 1955, le Pacte de Bagdad est signé. S’il s’agit d’un traité d’alliance militaire entre 4 pays musulmans, les nationalistes arabes y voient encore la mainmise de l’Occident et critique la position prise d’engagement par Nouri Al Saïd. Même la Jordanie voisine a refusé de s’y associer.
En 1956, la situation se détériore considérablement en Irak. Des villes se soulèvent comme Nadjaf, le nationalisme est à son apogée avec l’attaque d’Israël par Égypte, la nationalisation du Canal de Suez .. En février 1957, les Nationaux- démocrates, le Parti communiste irakien, le Parti socialiste Baas (crée en 1947) et les Indépendants s’associent dans un Front de l’Union Nationale contre la politique de Nouri Al Saïd. Les officiers militaires se réunissent même un en Comité Suprême des Officiers Libres (principalement sunnites). Nouri Al Saïd arrive à les canaliser avec quelques avantages financiers mais Faysal II a compris que la monarchie est en danger. Le 20 juin 1957, Nouri Al SaïD remet sa démission.
Sur le plan international, le Roi Saoud rencontrera en 1957 le Roi et l’ancien Régent. La première visite d’un Roi d’Arabie Saoudite en Irak.
Faysal II contacte son cousin Hussein Ier de Jordanie et les deux souverains Hachémites décident de fusionner leurs territoires respectifs en un seul royaume. Le 4 février 1958, Faysal II devient le Roi de cette Union Arabe (ou Fédération arabe d’Irak et Jordanie) dont Nouri Al Saïd occupera le poste de Premier ministre du 3 mars au 18 mai 1958. Au-delà de cette union familiale, il s’agit pour les deux souverains de répondre aux attentes du mouvement nationaliste pan-arabe et contrer les visées territoriales la jeune République Arabe Unie (fusion de la Syrie et de Égypte) qui menace la dynastie Hachémite. Faysal II avait tenté de convaincre l’Emirat du Koweït de rejoindre le Royaume Arabe Uni mais les anglais avaient mis leur véto à cette fusion.
Depuis 1922, les anglais avaient totalement séparé le Koweït de l’Irak en remerciement de l’aide militaire apportée lors de la Première guerre mondiale par les Cheikhs Al Sabbah et surtout par la découverte d’un abondant stock de pétrole dans la région. Le Roi Ghazi avait tenté en vain de récupérer cette partie amputée de l’Irak.
La chute de la monarchie irakienne
Alors que le Liban s’enfonce dans une crise politique, la Jordanie appelle les forces militaires irakiennes à sécuriser ses frontières. Le 13 juillet 1958, commandée par le Brigadier- Général Abd El Karim Kassem, les forces armées irakiennes commencent à se diriger vers la Jordanie. Mais au lieu d’aller sécuriser la frontière jordano-libanaise, les forces armées irakiennes prennent la direction de Bagdad qu’elles investissent le 14 juillet. Sortis de leur palais, Faysal II et sa famille sont assassinés. La monarchie irakienne est abolie et la République proclamée. Le 15 juillet, le Premier ministre Nouri Al Saïd, capturé, sera lynché. Celui du Régent sera traîné à travers la Rue Rachid de Bagdad, pendu et découpé en morceaux.
Il faudra attendre le 21 août 1958 pour que la Fédération arabe d’Irak et Jordanie soit abolie.
Succession au trône d’Irak
Bien qu’il a été successivement fiancé à la Princesse Princesse Kıymet Hanım d’Egypte (Janvier 1958), puis à la Princesse impériale d’Iran, Shahnaz Pahlavi, puis enfin à la Princesse Sabiha Fazila d’Egypte, Faysal II n’a peu d’enfants.
La succession au trône d’Irak est aujourd’hui revendiquée par :
- Le Prince Sharif Ali Ben Al- Hussein
- Le Prince Ra’ad Ben Al Hussein
Le Prince Abdallah de Tintin
Dans l’album dessiné d’Hergé , Tintin au pays de l'Or noir , apparaît le personnage odieux et gâté du fils de l’Emir du Khemed, le Prince Abdallah.
Hergé s’était largement inspiré d’une photo du Roy Faysal II d’Irak âgé de 5 ans pour dessiner les traits du jeune prince Abdallah et ironiquement en a fait un fils du Roi Ibn Séoud d’Arabie Saoudite. En effet, Hergé dont on savait qu’il se documentait énormément avant de livrer son œuvre aux tintinophiles, avait trouvé amusant de caricaturer sous les traits de l’Emir Mohammed Ben Kalish Ezab, le père du Prince Abdallah,et à partir d’un portait du Roi d’Arabie Saoudite, la dynastie rivale des Hachémites.
Bibliographie
- La saga des Hachémites, La tragédie du Moyen-Orient , éditions Stock (2009)
Liens externes
- [htpp//:www.lesclesdumoyenorient.fr/irak.htlm]: Histoire de l'Irak (Fr.)
- [1]: Blog sur la visite du Roy aux Etats- Unis (Angl.)
- [2]:Dynastie des Hachémites
- [3]: Article sur le coup d'état de mars 1941 (Fr.)
- [4] : Article du site Hérodote sur le coup d'état de mars 1941 (Fr.)
- [5] : Pacte de Bagdad (Fr.)
- [6] : Coup d'état du 14 juillet 1958 (Angl.)
- [7]: Revue Persée sur le coup d'état de juillet 1958 (Fr.)
- [8] : Brève biographie du Roy Faysal II (Angl.)
- [9]: Arbre généalogique des Hachemites d'Irak (Angl.)
- [10]: Site tintinophile sur "Tintin au pays de l'Or noir"
- [11] : Article de l'EXpress du 11/08/2011 sur Tintin et Faysal II