Le cardinal de Richelieu

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1642. En ce début de l’hiver de 1642, le cardinal Premier ministre, au sommet de son pouvoir, « faisait de grands desseins pour le reste de sa vie », comme le rapporte Madame de Motteville. Mais trente années d’un labeur opiniâtre ont usé l’organisme de cet éternel malade. À cinquante-sept ans, Richelieu n’est plus qu’un vieillard décharné et exsangue. Pendant la nuit du 30 novembre 1642, il crache du sang. Sa fièvre augmente, une douleur lancinante lui poignarde le côté. Il comprend alors que son heure a sonné, et l’accepte avec résignation. La foi de Richelieu est sincère, mais elle est orgueilleuse. N’a-t-il pas tout sacrifié pour la renommée de la France et des Bourbons ? À Louis XIII, qui vient le visiter au Palais-Cardinal – une aile de l’actuel Palais-Royal – le 2 décembre, le moribond affirme : « En prenant congé de Votre Majesté, j’ai la consolation de laisser votre royaume dans le plus haut degré de gloire et de réputation où il ait jamais été… » Puis il se confesse une première fois à Mgr Jacques Lescot, évêque de Chartres. Le curé de Saint-Eustache, sa paroisse, lui apporte ensuite le viatique et l’extrême-onction.

Le 3 décembre, on administre à Richelieu de mystérieuses pilules – sans doute de l’opium – qui lui apportent un soulagement provisoire. De nouveau, le roi passe une heure au chevet de son ministre. Le cardinal s’éteindra le lendemain matin 4 décembre 1642, paisiblement. Lorsque le père Léon, supérieur des carmes, entre dans sa chambre, il a le temps de lui donner une dernière absolution. Il l’entend alors murmurer, en latin, les dernières paroles du Christ : « In manus tuas, Domine… Dans tes mains, Seigneur… je remets mon esprit. » Pendant quatre jours, les Parisiens vont défiler devant la dépouille drapée dans sa robe de pourpre avec, à ses pieds, la couronne ducale et le manteau de pair. Ce défunt, que tout le monde exécrait, laisse un vide angoissant. Son génie politique a sauvé le royaume du désordre, et peut-être même de la dislocation, Il a rabaissé la superbe des grands du royaume, il a détruit le parti huguenot, il a combattu les Habsbourg sans relâche. Le pape Urbain VIII aurait dit, en apprenant la mort de son vieil adversaire : « Se gli è un Dio, lo pagara ! Ma veremente se non c’è Dio, galant uomo ! [S’il y a un Dieu, il va payer ! Mais, vraiment, s’il n’y a pas de Dieu, le fameux homme !] »

[1] Extrait de Philippe Delorme, Petites histoires du quotidien des Rois : l'AUTOMNE, VA Press, Versailles, édition juin 2017, 132 pages N&B, illustrations, Format 17 x 24, 14,90 euros.