« Kigeri V » : différence entre les versions

De SYLMpedia
Aller à la navigationAller à la recherche
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 :
''''Kigeri V Ndahindurwa'''
'''Kigeri V Ndahindurwa'''


Jean Baptiste- Kigeri V Ndahindurwa fut Mwami (Roi) du Rwanda de 1959 à 1961.  
Jean Baptiste- Kigeri V Ndahindurwa fut Mwami (Roi) du Rwanda de 1959 à 1961.  

Version du 17 octobre 2016 à 14:43

Kigeri V Ndahindurwa

Jean Baptiste- Kigeri V Ndahindurwa fut Mwami (Roi) du Rwanda de 1959 à 1961. Il est décédé le 16 octobre 2016 aux Etats-Unis, âgé de 80 ans.

Le Roi Kigeri V

Prince royal et fils de roi

Né le 29 juin 1936 (ou en 1935) à Kamembe, fils du roi Yuhi V Musinga et de la reine Mukashema, une de ses épouse, Kigeri (écrit parfois Kigeli) ) appartient à l’ethnie tutsi (clan d’Abanyiginya). Alors qu’il est à peine âgé de 4 ans, son père est exilé au Congo-Léopoldville par les autorités coloniales belges après avoir été déposé en 1931. Il dit attendre la mort de son père en 1944 pour être autorisé à revenir vivre dans son pays. Baptisé dans la religion catholique durant son adolescence, il restera toute sa vie un chrétien convaincu. Etudiant dans le groupe scolaire Astrida et dans celui de Nyangezi, il termine ses études en 1956 et occupe un poste dans l’administration coloniale.

Roi du Rwanda

Lorsque son demi-frère Mutara III décéde le 29 juillet 1959 dans des conditions demeurées toujours non élucidées à ce jour, Kigeri V hérite d’une situation politique tendue entre les deux groupes ethniques du pays (minorité Tutsi dont fait partie le souverain face à la majorité Hutu). Son élection au trône ne fut pas du goût des belges qui n’apprécièrent pas que le conseil royal se soit passé de leur avis pour choisir le nouveau mwami et qui accusèrent le palais d’avoir orchestré un véritable coup d’état. Lors des funérailles du roi, la présence d’une masse importante de rwandais armé empêcha les belges d’arrêter le prince, soutenu tant par l’église que par le camp nationaliste Hutu et Tutsi.

Peu préparé à sa tâche,le souverain est rapidement dépassé par les affrontements entre les deux communautés et le radicalisme qui se dégage des divers mouvements politiques Hutus (comme le Parti du Mouvement de l’Émancipation Hutu- PARMEHUTU de Grégoire Kayibanda ou l’Union Nationale Rwandaise Tutsi- UNAR). Le manifeste Hutu de 1957, où Kayibanda réclame ouvertement plus de libertés et de droits pour la majorité Hutu, a été ressenti comme un véritable affront par la monarchie Nyanza du Rwanda. L’Église catholique, jusqu’alors principal soutien de la monarchie Tutsie, va soutenir le mouvement du PARMEHUTU notamment à travers les actions de l’Archevêque Belge de Kigali, Monseigneur Perraudin.

le Roi Kigeri V

La chute de la monarchie

Les tensions raciales s’exacerbent. C’est le soulèvement entre le 1 et le 15 novembre 1959 (Toussaint noire). Prenant prétexte de l’agression du sous-chef de Ndiza, Dominique Mbonyumutwa, des membres de l’ethnie tutsie sont massacrés ; la Force Métropolitaine Belge interviendra peu ce jour-là, tétanisée par ce massacre de masse qui fait des dizaines de milliers de morts. Durant la première quinzaine de novembre, les affrontements entre Hutus et Tutsis seront violents. Les Belges vont bientôt mettre en résidence surveillée le souverain Tutsi sous prétexte de le protéger.

Puis la Belgique lui impose des élections en 1960. Les élections communales du 27 juin au 30 juillet 1960 vont donner 74% des voix à Kayibanda (soit 20 sur 229 communes) et un maigre 33% aux royalistes (toutes tendances confondues malgré le boycottage de l’UNAR (2%) qui rejette en bloc ces résultats. Kigeli se plaint des manipulations publiquement : « Je ne suis pas attaché autant que cela au pouvoir, j’accepterais toujours le verdict du peuple mais ce que je ne peux accepter c’est que l’administration belge influence ou manipule le vote des rwandais »

Le référendum du 25 septembre 1961

Le Roi se réfugie alors au Congo-Léopoldville (actuelle République Démocratique du Congo) en juillet 1960 afin d’y rencontrer le secrétaire-général de l’ONU, Dag Hammarskjöl. Durant son absence, un coup d’état éclate , dirigé par le Hutu Dominique Mbonyumutwa (1921-1986) et piloté en sous-main par Kayibanda. La monarchie est officiellement abolie le 28 janvier 1961 et les autorités belges s’empressent le 25 septembre 1961 d’organiser un référendum sur la question de la monarchie au Rwanda. Le parti royaliste réunit à peine 20% des votes. Les élections législatives vont confirmer le vote avec 78% des voix (soit 35 sièges) pour le ParmeHutu de Kayibanda contre les 17% de l’UNAR (7 sièges) qui jouait là son dernier baroud d’honneur politique. . Kayibanda Premier Ministre devient Président le 26 octobre (coup d’État de Gitarama).

  • La monarchie doit-elle être préservée ?
Choix Votes %
oui 253,963 20.15
non 1,006,339 79.85
Invalide/votes blancs 14,329
Total 1,274,631 100
nombre de votants/pourcentage 1,337,342 95.31
  • Le roi Kigeli V doit-il resté roi du Rwanda ?
Choix Votes %
oui 257,510 20.40
non 1,004,655 79.60
Invalide/vote blanc 11,526
Total 1,273,691 100
nombre de votants/pourcentage 1,337,342 95.24

Kigeri V continue d’accuser les belges : « Il est donc faux de dire que j'ai été chassé du pouvoir par les Hutus. Ceux qui m'ont exilé, ce sont les Belges en 1961, une année avant l'indépendance. Ce qui s'est passé, c'est le coup d'État de Gitarama, où les Belges Harroy et (le Général) Logiest (administrateurs Belges), en collaboration avec les Pères blancs, ont mis Grégoire Kayibanda au pouvoir». Il tente de revenir au Rwanda mais est rapidement mis en résidence surveillée avant d’être expulsée en Tanzanie en le 2 octobre 1961. L’UNAR (Parti royaliste Rwandais) se soulèvera mais devra cesser les combats dès 1963, très affaiblie militairement.

Oppositions et années d’exil

Le Roi Kigeri V (2010)

Le souverain exilé au Kenya (1963 à 1971 et 1979 à 1992), en Ouganda (1972 à 1978) puis enfin aux États-Unis (juillet 1992 d’abord à Washington puis à Oakton dans l’état de Virginie), se réfugie dans un long et profond mutisme, soutenant du bout des lèvres, les mouvements qui se réclament de lui. Lors du génocide rwandais (1994), le roi appellera à l'unité du pays mais son message ne sera pas entendu (la reine douairière Rosalie Gicanda sera assassinée dans sa maison tout comme l'avait été son mari Mutara III en 1959), perdu dans le cliquetis des machettes et les hurlements de frayeur de ses sujets. Le journaliste rwandais qui l’interviewa fut, à son retour, jeté en prison au motif « qu’il avait menacé la sécurité intérieure du pays ».

Ce n’est qu’en 1999 qu’il apporte officiellement son soutien au(x) mouvement(s) monarchistes entrés en rébellion dont le peu de réussite ne permettra pas de renverser le gouvernement en sa faveur (Le Mwami est actuellement soutenu par le Mouvement Démocratique du Peuple pour la Réconciliation, (MDPR- INTIGANDA), principal Parti royaliste Rwandais. ) En décembre 2001, il publie un manifeste à la Nation qui a peu d’effet au Rwanda.

Tentatives de retour

En août 2007, le Mwami annonce son retour au Rwanda, affirmant avoir rencontré le président Kagamé mais précise dans son message que c’est en qualité de souverain régnant qu’il fera son retour dans le pays. Cette proclamation est aussitôt démentie par le gouvernement et le Président Paul Kagame mettra fin à cette polémique en septembre suivant, en annonçant que le souverain héréditaire ne peut rentrer dans son pays « qu’en qualité de simple citoyen ». Des premières négociations avaient eu lieu dès 1996 entre son chancelier Boniface Benzingu (depuis 1973) et le président Kagamé lors d’une réception au Willard InterContinental hotel. Ce dernier aurait proposé au souverain de revenir uniquement à titre privé dans son pays. Dans un entretien au Washington Post, Kigeli V avait déclaré qu’il «  se considérait comme un homme moderne, un roi constitutionnel et qu’il se contenterait d’un palais, d’un régiment de garde et d’un rôle cérémonial » et qu’il « était persuadé que les rwandais réclameraient son retour au cours d’un référendum ».

En décembre 2014, une nouvelle rencontre avait eu lieu entre le roi et l’ envoyé spécial du gouvernement rwandais , le pasteur Ezra Mpyisi, qui lui avait proposé un statut d'ancien chef d'état et autres privilèges. Kigeli V avait de nouveau réclamé un référendum sur la question de la monarchie.

En juillet 2016, le Parti vert démocratique du Rwanda, mouvement d’opposition, avait demandé le retour à Kigali du dernier roi du pays. Selon les Verts, le roi Kigeli, aurait dû être autorisé à rentrer et être traité avec les égards dus à un ex-chef d’Etat. Frank Habineza, leader du mouvement avait même été jusqu’à évoquer l’éventualité d’un référendum sur la monarchie constitutionnelle : « S’il rentre au pays, nous estimons que la population pourrait être consultée par voie de référendum sur une éventuelle monarchie constitutionnelle. » ajoutant que « c’est un sujet délicat, depuis longtemps. Des gens qui ont abordé le sujet ont subi des représailles. Nous demandons au gouvernement de permettre à tous d’en débattre ouvertement. » Et de conclure : « Ce sujet devrait cesser d’être tabou. Bientôt, il sera trop tard. Le roi aura bientôt 80 ans. Nous craignons qu’il n’ait pas beaucoup de temps devant lui. Nous avons besoin de lui pour que notre pays puisse aller de l’avant. »

Décès du dernier Mwami du Rwanda

En février 2015, il avait cosigné une lettre avec d’autres princes européens désignant les événements de mai 1968 en France comme responsables de la rupture morale avec la religion et critiquant le fait que le Vatican accepte le remariage sous la communion des divorcés, le mariage gay ou tolérant l'adultère. Dernier geste politique avant son décès.

Plusieurs fois décoré par des maisons royales d'Europe (dont le Portugal) et par l'Eglise pour son engagement humanitaire (il a fondé la Fondation Kigeli V qui assure la promotion de la monarchie au Rwanda et la réconciliation entre les communautés), le Mwami vivait exclusivement de dons de la part de ses soutiens et de la vente de titulatures reconnues, se refusant à travailler. Après 20 ans passés aux Etats-Unis, le roi ne parlait qu’exclusivement le Kinyarwandais et ne sortait jamais sans son traducteur.

Succession au trône

La succession n'étant pas héréditaire au sens strict européen, Kigeli V étant sans enfants, le conseil royal va se réunir afin de trouver un nouveau souverain parmi les membres de la maison royale.

Liens externes

  • [1] : Page Facebook du Roi Kigeri V (Fr.)
  • [2] : Le roi souhaite revenir au Rwanda (Angl.)
  • [3] : Site sur l'histoire des Monarchies en Afrique (Fr.)
  • [4] : Site officiel du Roi Kigeri V (Fr.)
  • [5] : Le Mwami demande son retour (Fr.)
  • [6] : Page consacrée au Roi Kigeri (Fr.)
  • [7] : Un roi sans trône (Angl.)
  • [8] : Le roi réclame un référendum pour revenir au Rwanda (Angl.)
  • [9] : Kigeli V fait peur au Rwanda (Fr.)
  • [10] : Mort du roi Kigeri V (Fr.)